M. Paul Giovannetti, pénurie de M-K, le contrat d’apprentissage un contrat gagnant-gagnant (Mai 2015)

logo-adamssBonjour M. Paul GIOVANNETTI, vous êtes Directeur du centre de formation des apprentis, apprentissage dans les métiers du sanitaire et social (CFA ADAMSS 59 – 62). Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un contrat d’apprentissage ?

Un contrat d’apprentissage est un réel contrat de travail établi entre un jeune de moins de 26 ans (mais des dérogations sont prévues concernant l’âge) et un employeur.
La particularité de ce contrat réside dans le fait que le jeune se forme durant son temps de travail.
De fait, le travail de l’apprenti est divisé en 4 temps distincts :

• Les cours qu’il effectue dans une école agréée (nous sommes partenaires aves les 3 écoles régionales)
• Les périodes de stages obligatoires prévues par la formation (certains de ces stages pouvant être effectués chez l’employeur)
• Les périodes de travail chez l’employeur (donc en dehors du calendrier pédagogique)
• Les périodes de congés auxquels il a droit comme tout salarié.

En contrepartie de quoi le « poids » financier de son salaire est allégé tant au niveau du barème de base (ex. un jeune peut débuter à 41% du SMIC), qu’au niveau des charges patronales qui sont beaucoup plus faibles que pour un salarié classique (environ 15% du salaire brut au lieu de 45%).

Quelle est la différence avec un contrat de bourse?

Le système de bourse est en effet pratiqué dans le secteur sanitaire. Cependant, dans ce système, il n’y a pas véritablement de lien contractuel officiel entre jeune et employeur.
Aussi, le jeune peut finalement quitter son employeur une fois le diplôme en poche…
Durant un contrat d’apprentissage, des liens se créent inévitablement entre le jeune et la structure, l’équipe soignante, le Maître d’apprentissage, parce qu’il est plongé dans un univers professionnel.
Pour utiliser une image plus claire, il n’a pas un « sponsor » mais un employeur véritable qui lui permet de débuter une carrière professionnelle avec tout ce que cela implique : être considéré comme un vrai professionnel, faire partie d’une équipe pluridisciplinaire, commencer à cotiser pour sa retraite…et cela change tout !
L’apprenti est un véritable salarié qui doit avoir une réelle activité au sein de son établissement employeur, lorsqu’il n’est pas en période de cours ou de stage. Il conserve toutefois, comme tout salarié ses droits à congés.
Bien entendu, la qualité de son activité doit être en lien avec son parcours de qualification professionnelle, et c’est le rôle essentiellement du Maître d’apprentissage d’évaluer la progression du jeune afin de lui confier des tâches appropriées.

En quoi, ce contrat peut-il intéresser les Etudiants Masseurs-Kinésithérapeutes et les employeurs?

Pour répondre à votre question, il me semble important d’avoir un langage clair envers tout le monde.
Embaucher un apprenti, c’est faire un pari sur l’avenir, c’est une sorte d’investissement dont on aura les résultats réels lorsque le jeune obtiendra son diplôme.
Ce qui a présidé à notre volonté de proposer cette formation, est le constat fait par les pouvoirs publics d’une pénurie de candidats à l’exercice salarié.
Cela provoque donc de graves dysfonctionnements auprès des structures hospitalières ou bien médico-sociales.
Le contrat d’apprentissage peut être une tentative de réponse à ce phénomène.
Pourquoi ? Pour le jeune, c’est une véritable entrée dans la vie active. De plus, sur un plan financier, il ne faut pas oublier que les études sont payantes pour un étudiant. Lorsqu’on est apprenti, c’est l’employeur qui prend en charge les coûts. Le jeune est donc triplement gagnant : il a un statut professionnel, on lui verse un salaire et ses études sont financées !
Pour l’employeur, l’enjeu réside dans le fait de former un jeune selon une culture, des procédures, une organisation qui lui sont propres. Comme je l’ai dit, durant le contrat un lien se crée entre apprenti et employeur, et cela est un facteur déterminant pour la suite, lorsque le jeune a obtenu son diplôme. Les chances que le jeune veuille rester sont ainsi multipliées…
N’oublions pas qu’il est désormais possible d’embaucher un apprenti en CDI, alors que jusqu’à présent c’était un CDD.
Pour résumer, compte tenu des problématiques liées à la pénurie de professionnels en institution, il s’agit donc d’un dispositif gagnant-gagnant.

Interview par C Denoyelle